02 Juil Canicule estivale : les observations détaillées au vignoble.
Suite à l’épisode caniculaire sans précédent que vient de traverser le vignoble méditerranéen, nous tentons de reprendre ici le détail des observations faites dans les jours qui suivent. En effet, les situations au vignoble présentent énormément de variabilité, après la journée terrible du vendredi 28 juin.
Il s’agit d’abord d’une variabilité géographique, liée à l’intensité de la vague de chaleur. C’est dans les secteurs montpellierais et nîmois que les températures ont été les plus chaudes, c’est aussi dans ces secteurs que sont observés les dessèchements de souches les plus violents. Les nombreux records de température dans ces zones annoncent des valeurs supérieures à 45°C, qui semblent être un véritable seuil de tolérance pour notre vignoble. C’est aussi, de fait, une situation jamais rencontrée, par définition.
Il y a ensuite une très grande variabilité de situation, d’une vigne à l’autre, lorsque les symptômes auront été moins violents, lorsqu’il subsiste de la végétation.
Les vignobles bio d’abord sont souvent plus touchés. C’est le soufre majoritairement qui en est le responsable. Utilisé pour brûler l’oïdium par sublimation lorsque les températures quotidiennes augmentent, il reste toujours une partie de ce soufre sur la végétation et sur les grappes. Sous l’effet de températures d’un seul coup beaucoup plus élevées, il semble que les restes accumulés et non sublimés des traitements précédents, habituellement assez inertes, aient brûlé leurs supports foliaires ou baies. Des applications de soufre antérieures d’une semaine ou plus à la journée du vendredi 28 juin ont eu un effet délétère.
Entre cépages, nous retrouvons aussi des différences notables. Ainsi, les carignans sont souvent touchés, les grappes ont davantage brûlé, jusqu’au dessèchement. Les syrahs sont plutôt touchées sur la végétation, en bas de frondaison, les grappes le sont moins. Les grenaches semblent mieux résister. Les situations des merlots et cabernets sont plus variables, parfois complètement indemnes, parfois brûlés. Les muscats aussi sont très touchés.
Les vignes moins vigoureuses ont aussi été beaucoup plus sensibles. Sur un même rang, ce sont les plus petites végétations qui ont été les plus brûlées, et les grappes sont alors souvent séchées. On remarque le même phénomène en bordure de bois ou de haie dense, lorsque les ceps subissent une forte concurrence, ou bien sur les rangées le long de murs en pierres sèches. Ces coins de vignes sont très brûlés.
Dans les vignes irriguées, certaines pratiques ont eu à l’inverse un très bon effet climatiseur. Des recommandations très fractionnées et très régulières de micro-irrigation, sans apport d’eau vraiment efficace pour l’état hydrique de la vigne, ont contribué par évaporation à maintenir un micro-climat plus frais. Les vignes présentent alors beaucoup moins de symptômes de stress.
Difficile ensuite de donner une tendance sur les meilleures conduites, en terme d’orientation, de mode de taille, de hauteur de palissage, d’absence de palissage. Il semble quand même que nous observions une meilleure résistance au phénomène dans les vignes en taille rase et en non taille. Ce sont souvent des vignes installées sur des sols plus profonds et donc plus vigoureuses. Parfois, la hauteur de la végétation semble indiquer que les différences de températures étaient très marquées entre la surface du sol et à 1 mètre de hauteur. C’est le cas par exemple dans les vignes encore non palissées, où les extrémités jeunes des rameaux retombants sont davantage brûlés, alors que dans les vignes palissées, c’est la base âgées des végétations qui a brûlé. Difficile en revanche de tirer une conclusion sur les vignes enherbées, désherbées, entretenues au cadre, … Certains se dressent déjà en donneurs de leçons, avec des commentaires navrants, comme celui évoqué dans l’émission « On va déguster » sur France inter le 30 juin d’un vignoble du sud « industriel à sol dégradé » (tant d’incompétence, de simplification et de caricature face à cet évènement inédit frôle la bêtise crasse, disons-le franchement).
Après ces constats, certaines vignes ne pourront pas être remises en état, certaines le seront durement. D’autres encore sont à stimuler rapidement pour les sortir de l’à-coup de stress et reconstituer rapidement de la végétation. C’est une réflexion que nous allons mener très vite ces jours-ci. Et nous serons disponibles pour faire un point avec vous des interventions au vignoble qui pourraient être utiles.