12 Sep Vendange 2019, épisode 1 (Gard et Hérault)
Plus que jamais, un début de millésime qui se pilote à la dégustation
Une véraison tardive laissait pressentir mi-août des vendanges retardées de 8 à 10 jours. Si le retard est bien là, les chaleurs de la fin du mois d’août et de début septembre, associées au retour du vent du nord ont accéléré le calendrier de début de vendanges particulièrement dans les secteurs précoces. Retrouvez directement les bilans climatiques de l’hérault sur ce site.
Si la majorité de la cueillette a bien démarré comme prévu début septembre, il a fallu vendanger assez vite certaines parcelles : des phénomènes de concentration ont en effet été observés sur les parcelles en situation de stress hydrique. Ce phénomène est particulièrement marqué sur les jeunes vignes, les parcelles échaudées en juin, certains cépages en secteur non irrigué (syrah et merlot notamment).
Sur les premiers blancs vendangés, on note ainsi des rendements en jus faibles et des pH plutôt bas .
Plus surprenant, se sont observés également en début de saison des inversions de précocité entre cépages : sauvignon frais plus tardifs que chardonnay par exemple.
Mais les équilibres sucres/acidité et les rendements en jus restent hétérogènes et dépendants des régimes hydriques des parcelles. Il est trop tôt pour se prononcer sur les tendances, mais il semble bien que la baisse de production concernera davantage les secteurs littoraux (Grès de Montpellier, Costières de Nîmes) et le Montpellierais que l’ouest du Languedoc.
Des moûts aromatiques
A l’heure où plus de la moitié des blancs et des rosés sont récoltés, on note une belle présence aromatique des moûts. C’est particulièrement le cas sur les cépages (Muscat, Chardonnay, Vermentino, Cinsault, Grenache) et également sur le sauvignon malgré le pic de chaleur de fin août.
Même hors contexte de concentration, les acidités restent bonnes. Associées à des teneurs basses en potassium, elles devraient être conservées.
Hétérogénéité de maturation
Coté rouge, les merlots et les syrahs présentent une forte hétérogénéité de maturation. Là encore la concentration a pu faire monter en flèche les degrés entre le 1er et le 10 septembre avec des maturités phénoliques pas toujours au rendez-vous. Les pH restent régulièrement bas (inférieurs à 3,5) dans ces cas et les acidités totales hautes (entre 4 et 5 g/l d’H2SO4).
Lors de notre point début août, nous envisagions ce millésime marqué par des petites baies, des forts potentiels tanniques et de faibles rendements en jus. C’est effectivement le cas en secteur précoce. Des extractions douces sont à privilégier pour limiter les caractères végétaux. Le secours d’une pharmacopée adaptée pourrait s’avérer utile parfois.
La pluie modeste mais réelle (entre 10 et 15 mm dans l’Hérault) du 10 septembre apporte une respiration et va rebattre les cartes de la dynamique de maturation pour les jours à venir. Assortie des nuits fraiches que nous connaissons depuis 1 semaine, elle devrait permettre (notamment aux cépages tardifs) de débloquer certaines maturations (cinsault et mourvèdre, cabernet-sauvignon) ou de mûrir de façon plus équilibrée en limitant la montée des degrés et en favorisant la maturation phénolique (cas du grenache).
La grande diversité des situations rencontrées nous encourage plus que jamais à observer régulièrement les parcelles et déguster les raisins.
La gestion de l’extraction des rouges devra aussi être conduite avec une grande attention et en goutant très régulièrement les cuves sous marc. Surtout pas de recettes toutes faites…
Compte-tenu du décalage de maturité, un point Vallée du Rhône sera fait très prochainement.
Chantal LAURENS (Laboratoire Natoli & associés).