11 Août Au vignoble, la dernière ligne droite
La précocité observée depuis le débourrement (en moyenne 8 à 10 jours) semble se confirmer après les premiers contrôles de maturité, et après les premiers raisins vendangés (muscats secs avant le 10 août, chardonnays et sauvignons précoces avant le 15 août).
Les pics de chaleurs de la toute fin juillet et les températures moyennes encore très hautes aujourd’hui (même si le sud est « relativement » épargné par la canicule actuelle) vont conforter cette avance, avec les phénomènes de concentration classiques visibles souvent en fin de maturation, surtout sur les petites charges.
On observe ainsi depuis fin juillet des signes de stress hydrique, sur les hauts de coteaux, sur les jeunes vignes, sur certains cépages plus sensibles (on pense à la syrah toujours). Mais globalement le stress apparaît plutôt tardivement cette année, et sur les sols profonds on l’attend encore… C’est la résultante d’un millésime plutôt favorable au bon développement du végétal, associant pluviométrie régulière depuis le débourrement et températures douces. Un coup d’œil rapide aux relevés climatiques montre ainsi une situation beaucoup plus favorable qu’en 2019 (relevés de la station LNA de Puissalicon (34)) :
Les équilibres au vignoble sont plutôt engageants, avec des charges dans l’ensemble régulières et une taille des grappes et des baies plus importante cette année. Les premières prévisions nationales du Ministère de l’Agriculture tournent autour de 45 M hL (source Agreste), soit 6 à 8% de plus que 2019. Le Languedoc devrait profiter de cette prévision à la hausse; c’est moins net dans le sud-est (gel notamment). Ces tendances sont à nuancer bien sur dans les zones touchées par les accidents climatiques (gel dans les Bouches du Rhône et le Gard le 25 mars, orages de grêle dans le nord du Gard et le Vaucluse le 29 mai, dans l’Hérault le 23 juillet,…).
Pour compléter ce tour d’horizon, il faut quand même évoquer les aspects sanitaires de la récolte : cette campagne aura été éprouvante (pression forte du mildiou, puis de l’oïdium ; esca explosif depuis la fin juillet et ravageurs encore sous surveillance (eudemis et cryptoblabes notamment)).
On commence par ailleurs à observer quelques foyers de botrytis et de moisissures, les grappes de belle taille et plutôt compactes sont fragiles; les entrées maritimes depuis quelque jours nous incitent à la plus grande prudence.
La vigilance reste donc de mise pour la dernière phase de maturation : maintien de l’état sanitaire ; maturité en accord avec les objectifs de vin : réactivité pour maintenir la fraîcheur des blancs et des rosés (qui vont arriver tôt !), mais patience sur les rouges hauts de gamme…