Un début de saison sauvé par les pluies

Un début de saison sauvé par les pluies

UN DÉMARRAGE PRÉCOCE 

Avec un début de recharge hydrique, même partiel, au cours du mois de mars et une sortie d’hiver plutôt douce, le démarrage des végétations a été précoce en Languedoc comme en Vallée du Rhône. Fin mars, le démarrage des grenaches dans le Vaucluse s’est fait avec 10 jours d’avance par rapport à 2023 ; en Occitanie, on parle plutôt de 6 à 8 jours d’avance (par rapport à 2023 toujours). Les dates sont dans les 2 cas proches du printemps 2020. 

La première quinzaine d’avril est restée relativement sèche, mais très douce, avec des pics de chaleur atteints les 12 et 13 avril (28°C, un week-end estival…), accompagnant un développement rapide des premières feuilles et un stade de grappes visibles/boutons agglomérés assez généralisé. 

PUIS LE RETOUR D’UNE MÉTÉO FRAICHE ET HUMIDE 

À partir de la mi-avril, le refroidissement des températures a été net, culminant entre le 20 et le 22 avril, avec des gelées localisées mais parfois sévères qui ont frappé le vignoble. Sans être exhaustif, on citera certains secteurs du Ventoux en Vallée du Rhône, des vignes de la Vallée de l’Hérault ou du Limouxin. 

Cette météo fraîche s’est accompagnée à partir du 28 avril de cumuls de pluie atypiques à cette époque pour la zone méditerranéenne (on a même parlé d’épisodes cévenols). Des cumuls marqués, avec des pluies continues sur plusieurs heures, ont ainsi eu lieu les 28 avril, 1er mai et 14 mai. Et depuis le 15 mai, le temps est instable, ponctué régulièrement par des orages de fin de journée ayant pu apporter des cumuls significatifs (et parfois accompagnés de grêle). 

LES CONSÉQUENCES AU VIGNOBLE 

Après un démarrage rapide, la croissance des végétations s’est nettement ralentie à fin avril : le stade boutons floraux séparés a été rapidement atteint, mais avec des végétations peu développées. Et des sorties plutôt régulières, voire généreuses sur certains cépages comme les grenaches : l’initiation florale de 2023 semble avoir été bonne (les pluies de mai-juin 2023 ont manifestement été bien fonctionnelles !). 

On a pu voir des signes de chlorose favorisés par l’humidité des sols et les températures fraîches, mais c’est surtout un manque d’assimilation généralisé, notamment en azote et potassium, qui a été le plus marquant. 

La floraison a démarré assez timidement vers le 20 mai sur les secteurs et cépages précoces (la bande littorale, le biterrois), mais elle est loin d’être généralisée. Les températures de ce mois de mai sont en effet régulièrement en-dessous des moyennes de saison. 

La préoccupation principale est la pression sanitaire croissante suite à cette météo humide. On pense à l’oïdium mais surtout au mildiou, même s’il est prématuré de faire un comparatif avec 2018. 

Ce que l’on sait, c’est que les interventions préventives avant les premières pluies ont été cruciales, tout comme ensuite la capacité à renouveler les traitements (en bio) ou à resserrer les cadences (en conventionnel). Avec, en parallèle, une gestion des sols délicate : soit les sols sont très enherbés mais sans possibilité de les travailler, soit ils ont été travaillés mais ne présentent pas suffisamment de portance pour les traitements. 

Rien n’est simple en ce mois de mai, et on espère une accalmie et une météo plus classique pour accompagner la floraison. Ne pas relâcher ses efforts pour cette période clé, pour accompagner une récolte dont le potentiel est bien là. 

Car finalement, quand même, souvenons-nous de la sécheresse alarmante du début de printemps 2023 ! Il est toujours plus enthousiasmant de parler de pluies et de recharge des réserves…