Accompagner le débourrement, un des challenges de ce début de millésime 2023

Accompagner le débourrement, un des challenges de ce début de millésime 2023

RETOUR SUR UN AUTOMNE (SOUVENT) SEC ET UN « VRAI » HIVER

La fin de l’hiver est pour bientôt mais on a encore du mal à se sentir au printemps. Il fait frisquet, la bise souffle dans les plaines et la végétation n’a pas l’air de sourciller. Après une fin 2022 équivalente au reste de l’année, c’est-à-dire trop chaude, les températures ont bien baissé à partir de la mi-janvier. On sortira donc d’un hiver plus froid que celui de ces dernières années, comme le montre l’infographie ci-dessous :

Le nombre de jours de gel sur janvier et février sont équivalents ces deux dernières années (respectivement 15 et 14) mais les températures moyennes journalières sont plus faibles. Et les 15 premiers jours de mars ont été également tempérés, avec des maximales autour de 14°C. Cette météo indique un débourrement plus tardif que l’an passé, avec un décalage de 10 jours si l’on projette un mois de mars équivalent à ces dernières années (autour du 10 avril pour les cépages intermédiaires). Ce serait une bonne nouvelle !

Si le débourrement est moins précoce, on craint cependant un débourrement dans des conditions hydriques défavorables pour certains secteurs. En effet, dans l’ouest et le centre de l’Hérault, le sud Vaucluse et les Bouches du Rhône, les déficits hydriques hivernaux sont très marqués. La sécheresse a commencé entre le printemps et l’été 2022 et les précipitations (bienvenues) des vendanges n’ont pas été suivies de pluies plus abondantes en automne (voir diagramme ci-dessous).

Les réserves utiles modélisées par l’outil Vintel dans le cadre des suivis hydriques proposés par le laboratoire, indiquent des taux de remplissage des réserves utiles compris en 20 et 40 % actuellement sur ces secteurs. Alors qu’on espère une situation proche de la saturation ou de l’ordre de 90 % avant débourrement. Toutefois, le nord montpelliérain, le piémont cévenol, le nord du Gard et le nord de la vallée du Rhône sont dans des situations plus favorables grâce aux vraies pluies tombées en septembre-octobre.

Les vignerons qui le peuvent pourront mettre leur système d’irrigation en marche avant le débourrement pour quelques irrigations hivernales (l’objectif n’étant pas de compenser le manque d’eau dans les sols mais de créer un milieu propice au débourrement dans un volume de sol exploré par une partie des racines).

Le manque d’eau au printemps et en été 2022 s’illustre également sur des réserves en azote plus faibles dans les sarments de vigne (manque de minéralisation dans les sols pendant une longue partie de la saison 2022).

Par ailleurs, on a observé régulièrement à la taille des difficultés d’aoûtement sur les grenaches, avec des portions blanches de sarments gelés visibles, et qui rejoignent ces problématiques de mise en réserve.

 

Mauvais aoûtement sur grenache (photo LNA)

 

ANTICIPER LA GESTION DES COUVERTS VÉGÉTAUX

Il reste encore quelques semaines pour que la pluie tant attendue arrive, mais plus le temps passe et plus la recharge complète de la réserve hydrique des sols semble illusoire.

Dans ce contexte, un suivi rapproché des premières étapes de végétation est alors recommandé, avec la mise en œuvre éventuelle de pulvérisations foliaires d’azote et d’oligoéléments, tels que le fer et le manganèse, dès le début du cycle de la vigne.

La destruction des couverts végétaux, spontanés ou semés, est également un levier d’optimisation des réserves du sol. En effet, une destruction trop tardive après une mauvaise recharge en eau du sol aura tendance à créer une compétition forte, notamment sur le plan azoté, et pénalisera le développement de la vigne dans ses premiers stades.

Un nouveau cycle s’amorce doucement, la vigne ne pleure pas encore uniformément dans la région, et nous espérons tous la pluie pour les semaines à venir. Le printemps est synonyme de renouveau, et les derniers millésimes nous ont appris à composer avec le caractère instable et intense des phénomènes climatiques (il avait plu plus de 200 mm sur certains secteurs en mars 2022…).

À suivre !