02 Sep Des vendanges de septembre
Ce millésime 2021 restera décidément dans les mémoires. Après les « événements » de la première partie du cycle végétatif (gel, températures très fraîches avant floraison, coulure), la suite de la météo en juin n’a pas forcément suivi la tendance habituelle de nos régions méditerranéennes.
Côté pluviométrie tout d’abord, les mois de juin, juillet, et jusqu’à début août, ont été marqués par des orages réguliers, sur des cumuls très significatifs (entre 20 et 40mm par mois selon les secteurs). Ces cumuls sont évidemment variables, souvent moins marqués en sud Vaucluse ; et parfois accompagnés de grêle (en juin sur le haut des Terrasses du Larzac par exemple).
Relevés pluviométriques – station de Puissalicon LNA (34)
Au niveau des températures ensuite, la première quinzaine très chaude du mois de juin a laissé la place à une météo plutôt fraîche pour la saison, qui s’est poursuivie tout le mois de juillet. Sur l’Hérault les températures moyennes sont inférieures à la normale de presque 1°C. Et le mois d’août, après quelques jours très chauds avant le 15 août, suit la même tendance. On notera les nuits très fraîches depuis la mi-août. C’est un facteur de qualité reconnu pour la maturation, les équilibres des premiers contrôles de maturité et moûts semblent le confirmer (teneurs en acide malique notamment élevées).
Températures moyennes – station de Puissalicon LNA (34)
Conséquence logique, les maturités seront bien plus tardives cette année qu’en 2020 (qui n’était pas un millésime de référence car très précoce) : on retrouve des dates plus « normales » de cueillette, avec les blancs précoces à la toute fin du mois d’août (sauvignon, muscat, chardonnay), et les premiers rouges (merlots et syrahs) qui vont très souvent attendre le mois de septembre.
Cette tendance peut être faussée sur les vignes gelées portant peu de grappes, les contrôles réguliers dans les vignes sont encore plus nécessaires cette année.
Coté sanitaire, on a pu observer des états fragiles sur les blancs précoces : les blessures dues à l’oïdium ou aux vers de grappes (Eudemis, et encore cette année Cryptoblabes sur de nombreux secteurs) ont souvent entraîné des foyers de botrytis, avec Aspergillus et/ou pourriture acide dans les cas le plus sévères. Mais même sans dégât de maladies, les vignes sont plutôt « bien portantes », sans signe de stress hydrique, et avec des baies qui ont vraiment bien grossi après les orages de début août. L’exclusion naturelle des pépins ou l’écrasement des baies lors de ce grossissement peuvent suffire pour créer des foyers.
Dégâts de Cryptoblabes secteur littoral – syrah (Hérault)
Les derniers jours de préparation sont là ; on va évidemment scruter les volumes cette année, c’est le point qui va logiquement vous (nous) préoccuper. Mais on peut raisonnablement être optimiste sur la qualité de ce millésime, avec sur vignes non gelées de beaux équilibres sans stress hydrique marqué (à nuancer sur certaines zones du Vaucluse, et depuis peu ailleurs après quelques jours de vent du nord).
Il faudra en revanche se montrer patient sur les dates de récolte, en gérant le délicat équilibre entre état sanitaire, objectif visé et bonnes maturités.