07 Août Une maturation sous contrôle
Le point de mi-saison de début juin esquissait un tournant dans ce millésime très sec en sortie d’hiver et au débourrement. Ce virage s’est bien effectué sur certains secteurs, mais de manière très hétérogène : il y aura nettement 2 profils de vendange cette année.
UNE PLUVIOMÉTRIE ABONDANTE … OU TOUJOURS DÉFICIENTE
De la mi-mai à la mi-juin, les conditions météo ont été particulièrement perturbées sur le sud de la France, avec une succession de journées au temps lourd et orageux, finissant fréquemment par des orages en soirée. Mais tous les vignobles n’ont pas été logés à même enseigne, les cumuls ci-dessous reflètent le gradient décroissant de la Vallée du Rhône (bien arrosée) à l’ouest du Languedoc (qui était déjà très déficitaire en recharge hivernale) :
Sur le cordon littoral Sète-Agde-Narbonne, les cumuls sont parfois même inférieurs à 50 mm sur ces 2 mois.
Localement, ces orages se sont accompagnés de grêle, causant des dégâts qui ont cicatrisé sur baies « vertes », mais qui ont pu entraîner des pertes significatives de récolte. Parmi les plus notables, orages le 24 mai sur le Nord Montpelliérain, le 12 juin sur St Jean de Minervois, Lauret, les Côtes de Thongue, Caux, le 13 juin autour de Carpentras.
Côté températures, les mois de mai et juin présentent des températures douces à chaudes (mai) ou assez chaudes à très chaudes (juin), avec pour l’Hérault par exemple en juin un écart à la moyenne allant de 0,9°C à 2,7°C selon les secteurs). Mais on n’atteint pas les moyennes élevées de 2022 sur ces deux mois, et surtout sans pic de chaleur trop précoce cette année (source Infoclim34).
PARTOUT, UNE FLORAISON PLUTÔT HARMONIEUSE
Malgré la sécheresse de début de saison, puis une météo passablement perturbée, la floraison et la nouaison se sont plutôt bien déroulées, sans coulure marquée. Même si le grenache a pu couler de manière significative quand même, sur certains secteurs des Côtes du Rhône ou de St Chinian.
Sur les terroirs où les pluies ont été abondantes et/ou sur parcelles irriguées précocement, la sortie déjà régulière, la bonne floraison et l’eau ont entraîné un net grossissement des baies et des grappes, et un développement assez harmonieux des surfaces foliaires. C’est le cas globalement pour la Vallée du Rhône, le Gard, le Montpelliérais-Pic Saint Loup, la moyenne vallée de l’Hérault.
Sur les zones les plus sèches (bande littorale Sète-Narbonne surtout), la charge va rester correcte, mais avec des baies de petite taille, et surtout des végétations en arrêt de croissance très tôt, et qui n’occupent pas tout le plan de palissage (vignes souvent non écimées même).
Les secteurs de Coteaux (Faugères, Minervois, St Chinian, Côtes de Thongue) présentent des situations intermédiaires.
UNE PRESSION PHYTOSANITAIRE TARDIVE, MAIS RÉELLE
Conséquence logique de cette météo instable et orageuse, le mildiou a fait son apparition après floraison. Avec des dégâts essentiellement sur feuillages sous forme de taches d’huile, mais sur certains secteurs (Montpelliérais, moyenne vallée de l’Hérault, Vaucluse) et/ou cépages sensibles (merlot, grenache; et carignan !), le rot brun a pu entraîner des pertes de récolte allant jusqu’à 30 %.
L’oïdium a moins fait parler de lui cette année, mais comme toujours, il a fallu être vigilant sur les cépages sensibles (carignan, roussanne par exemple), de manière finalement plus forte sur les secteurs moins arrosés.
Le dernier point de vigilance va concerner les tordeuses et pyrales : eudemis et Cryptoblabes.
Cette dernière est apparue très tôt au vignoble, avec sur la bande littorale Aude-Hérault des chenilles visibles sur grappes bien avant véraison. Les piégeages confirment une présence notable au vignoble, la vigilance reste de mise jusqu’à la fin août sur les cépages les plus tardifs.
UNE VENDANGE NI PRÉCOCE, NI TARDIVE
La véraison a démarré vraiment entre le 15 et le 20 juillet, et elle semble s’étaler encore aujourd’hui. Les températures du mois de juillet n’ont pas été caniculaires en Languedoc (elles l’ont été davantage en Vallée du Rhône) ; les premiers contrôles de maturité sur muscat et chardonnay ne battent pas de record de précocité (contrairement à 2022).
Hors cas particuliers (et il y en a toujours ! les jeunes vignes, les vins de base pour mousseux, les jus de fruits, …), on se dirige vers un démarrage autour du 20 août pour les cépages et secteurs précoces, avec un décalage d’environ 1 semaine par rapport à l’année précédente.
Des températures estivales plus franches sont annoncées jusqu’au 15 août, de quoi achever la véraison et accélérer le chargement en sucres. On peut quand même espérer un maintien des acidités meilleur qu’en 2022 dans les baies, compte-tenu du profil relativement plus frais de cet été 2023. Les premiers contrôles des moûts nous le confirmeront … et l’évolution de la météo des semaines à venir continuera d’influer sur la course de ce millésime.