03 Oct Vendanges 2019, épisode 3 : l’arrivée des rouges.
Un mois de septembre toujours chaud, ponctué de courts épisodes pluvieux
La vendange des rouges a démarré avec le retour de chaleurs marquées début septembre : les cépages précoces, merlot et syrah notamment, ont ainsi vu des chargements en sucre importants, avec le maintien de bonnes acidités totales (et des rendements en jus modérés).
Les perturbations des 19 et 20 septembre auront été finalement modérées (on craignait un épisode cévenol plus marqué, il aura souvent fait moins de 50mm, avec un gradient décroissant de l’ouest vers l’est) ; mais sur l’ouest de la zone (St Chinianais notamment), cet épisode s’est ajouté à une pluie le 16 septembre variant de 30 à 80 mm.
Ces précipitations n’auront pas franchement modifié les volumes, mais avec un peu de patience après la pluie et le retour de températures supérieures à 30° à fin septembre, elles ont permis de débloquer les maturités phénoliques, notamment sur les grenaches (qui avaient certes déjà accumulé les sucres, mais avec des peaux parfois encore roses) et les mourvèdres. Et les cabernets devraient également « s’assouplir » après ces épisodes pluvieux.
On peut retenir de ce mois de septembre que les maturités ont été (et restent encore pour les dernières parcelles à rentrer) difficiles à suivre pour déclencher les vendanges. La contrainte des sucres élevés a souvent donné le rythme des récoltes.
Premières tendances sur les vins
Petit retour sur blancs et rosés : ils s’achèvent, avec des fermentations souvent très lentes, voire languissantes. Malgré la chaleur de début de vendange, ils conservent de beaux éclats aromatiques, mais il a fallu être très vigilant sur le traitement des couleurs et des matières, les moûts étant souvent chargés après débourbages.
Sur les rouges, on peut déjà retenir le caractère mûr et concentré des rouges précoces : merlots et syrahs sont très colorés, avec des richesses tanniques marquées. Mais l’éclat aromatique est là, et les acidités encore présentes en bouche soutiennent cette fraîcheur A noter cependant sur syrahs des teneurs en acide malique élevée : les pH devraient se ré-équilibrer après malo.
Les grenaches semblent devoir garder des profils plutôt frais et floraux (avec là encore des pH assez bas, mais qui devraient le rester (peu d’acide malique sur ce cépage)). En Vallée du Rhône, l’extraction des couleurs est rassurante et les équilibres se mettent bien en place, mais avec des potentiels alcooliques souvent élevés… Le décalage entre maturité alcoolique et phénolique est très marquée cette année sur ce cépage.
Les cinsaults sont davantage en retrait : ils sont plutôt généreux cette année, et leurs profils s’adaptent mieux aux rosés q’à des rouges, ou alors sur des bases légères… Et les degrés ont été souvent difficiles à atteindre sur ce cépage.
Les cépages tardifs sont juste rentrés dans les caves : on devrait atteindre de belles maturités sur les carignans, prometteurs sur les parcelles modérément chargées (et toujours avec de bonnes acidités). C’est le cépage qui a probablement le plus souffert des échaudages du 28 juin, mais on n’observe peu d’impact sur la qualité des tanins en cuve. Les carignans plus chargés, un peu comme les cinsaults, garderont des notes plus rustiques.
Les maturités sont très variables sur mourvèdres : de vieilles vignes parfois chargées auront des maturités limitées, des vignes plus jeunes ont pu se bloquer avec la canicule de cet été et sont restées bloquées (le raisonnement de la charge était un point clé cette année sur ce cépage).
Sur les cabernets, il ne fallait pas se presser pour éviter l’expression des pyrazines.
Des fermentations sous surveillance
Les premières difficultés fermentaires arrivent sur les cépages précoces : les moûts sont très sucrés, avec parfois des baies petites à peaux épaisses qui ont du mal à libérer leur jus. Sans forcément chercher l’extraction (qui est venue très vite cette année), le travail précoce des marcs (foulage de raisins, délestages en tout début de fermentation), l’aération des jus et la nutrition régulière des levures, le contrôle des températures sont des fondamentaux à suivre, encore et encore… Chaque cuve reste à réfléchir de manière particulière.